Cet article a été co-écrit avec Nicolas MOTAIS DE NARBONNE,
formateur en Herboristerie – EFP Bruxelles et IFAPME Charleroi

Depuis une dizaine d’années, l’herboristerie fait son grand retour dans les foyers. Selon les pays, le cadre légal de cette pratique diffère et les formations attirent toujours de nombreux acteurs et clients. Dans notre domaine, basé initialement sur la transmission orale, le partage d’expérience de maître à novice s’est traditionnellement fait sur le long terme avec un accompagnement, alternant théorie et pratique.

Le secteur de la santé au naturel pèse plus de 2 milliards d’euros en France pour l’année 2020, il est de près de 400 millions pour la Belgique et ces chiffres sont en constante augmentation.

Loin de faire aveuglément confiance aux conseils en magasins et étiquettes sur les produits, de plus en plus de consom’acteurs s’informent et veulent se former.

👉 Les formations : théories et pratiques

En France, les formations en herboristerie n’ont aucune reconnaissance officielle (hors études de médecines), qu’elles soient en « présentiel » ou en “distanciel”. En Belgique, il existe une formation officielle, en présentiel, dispensée par des organismes officiels subventionnés. Au Québec les écoles sont reconnues comme organismes éducatifs mais les formations en tant que telles ne sont pas subventionnées par l’État.

En France, les formations en herboristerie n’ont aucune reconnaissance officielle (hors études de médecines), qu’elles soient en « présentiel » ou en “distanciel”. En Belgique, il existe une formation officielle, en présentiel, dispensée par des organismes officiels subventionnés. Au Québec les écoles sont reconnues comme organismes éducatifs mais les formations en tant que telles ne sont pas subventionnées par l’État.

C’est à l’étude de l’herboristerie sur le web que nous nous intéresserons aujourd’hui. L’apprentissage sur internet n’est pas nouveau, loin de là ! De nombreuses personnes font déjà de la vulgarisation par internet depuis des années. Dans notre monde, Christophe Bernard en est peut-être la figure emblématique car encore inégalé dans la qualité et la quantité de contenu partagé gratuitement.

Suite au contexte sanitaire et aux différents confinements, le télétravail est passé du statut d’exception à celui de norme. Il s’est accompagné pour beaucoup d’étudiants et de formations par la découverte de l’e-learning même pour la scolarité classique. Ainsi la demande des formations en ligne est croissante, tout comme l’offre qui explose et évidemment l’herboristerie n’échappe pas à la règle.

Les avantages de ces formations sont très alléchants. Sur le plan matériel, un simple smartphone permet déjà d’en profiter même s’il sera souvent plus confortable de suivre ces formations sur grand écran.

Du point de vue de l’étudiant, l’e-learning permet l’accès à des formations lointaines avec une grande flexibilité en termes d’horaires et de délais et un prix parfois attractif.

Du point de vue du formateur, l’e-learning permet de réduire les frais de locaux, le coût en salaire professoral et d’avoir des rentrées d’argent ponctuelles voire régulières au fil des inscriptions sans limite géographique.

Vous vous en doutez, tous ces avantages ont fait augmenter le nombre de ces formations, disponibles à tous les prix, les niveaux de qualité et de sérieux.

👉 L’e-learning : le meilleur comme le pire

Ces dernières années ont vu l’explosion d’un véritable business avec l’arrivée de gros acteurs de la formation francophone. Cette augmentation de l’offre est dûe à la libéralisation du compte formation en France.
Pour faire simple, chaque salarié français a droit de se former en continue avec une prise en charge partielle de l’État.

Très attractives sur le plan financier, nombre de ces formations sont en réalité beaucoup moins intéressantes une fois leur contenu dispensé. Si la base des formations est légitimement issue de la “tradition”, le reste est en réalité assez facilement accessible en ligne pour peu qu’on fasse quelques recherches sur des sources sérieuses.

De même que certains de ses organismes ont leur siège social hors d’Europe, ils sont souvent de belles vitrines avec un beau discours et un très petit nombre d’individus derrière. Ces derniers n’hésitent pas à faire faire leurs supports par des étudiants ou des salariés peu payés, tandis que d’autres sollicitent des formateurs agréés contre une faible rémunération pour bénéficier de leurs cours et syllabus. Pour qu’au bout du compte, le client se voit délivrer un certificat sans aucune valeur légale.

Notons enfin que l’accompagnement pédagogique par des spécialistes et la pratique sont très rares…

On trouve également dans ces formations en ligne de nombreux cultivateurs, des herboristes reconnus ou diplômés qui se font un complément de revenus. Contrairement à la catégorie précédente, si l’accompagnement pédagogique est plus régulier, les ateliers pratiques restent rares.

👉 L’e-learning et manque de pratique – l’herboristerie est un métier de terrain

Les aromatiques de la Ferme Urbaine « Les Herbes de Bruxelles« 

On trouve également dans ces formations en ligne de nombreux cultivateurs, des herboristes reconnus ou diplômés qui se font un

Du point de vue de la pratique, rien ne remplace une formation en présentiel. Au-delà de l’évidence pédagogique de répétition du geste, nous sommes des êtres profondément sociaux et la transmission est d’autant plus efficace que nous avons une personne en face de nous, souvent passionnée, avec son langage corporel et son expérience personnelle.

C’est particulièrement fondamental pour un métier de terrain, artisanal, comme l’herboristerie : la reconnaissance des plantes, le soin à leur apporter, le conseil à apporter aux personnes, le contact clients…

Tout cela manque à une formation derrière un écran et l’on peut même parler d’un comble de vouloir retourner à des soins plus proches de la Nature en désirant l’apprendre par un média numérique !

Même dans le cadre de formations en ligne de qualité, ces points sont soulignés : la pratique doit accompagner le cours sans quoi la matière sera incomplète et déconnectée de la réalité quotidienne.

🙏 Petit mot de la fin

Pour toutes ces raisons, avec Folia Officinalis nous avons longuement hésité avant de parler de ces formations dont nous considérons qu’elles sont dans leur immense majorité optionnelles face à l’apprentissage en présentiel.

Néanmoins, face à des sociétés comme évoquées plus haut et qui ont des pratiques qui pourraient être considérées comme à la limite de l’abus de confiance, nous avons eu envie de valoriser les formations de qualité : il en existe et il est impératif de les mettre en lumière.

Pour conclure, nous vous conseillons de considérer ces formations en ligne comme incomplètes : nous vous encourageons fortement à suivre des formations traditionnelles et de les compléter par des ateliers pratiques supplémentaires.

Dans le courant de la semaine, sur facebook et bientôt sur le site web, nous passerons en revue quelques formations longues et en ligne connues (nous ne nous attarderons pas sur les courtes) pour lesquelles il y a un réel feedback possible, feedback que nous illustrerons au moyen d’avis publics et nourris de réflexions que nous avons reçues de façon anonymes. Nous ne serons sans doute pas exhaustifs donc n’hésitez pas à nous faire un retour sur le sujet! 😉

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