Un pavé dans la mare : voilà ce qu’est ce manuel écrit avec amour et passion par Aline Mercan, docteur et anthropologue passionnée d’ethnobotanique.

Elle y fait un état des lieux du marché de la phytothérapie, ses dérives, ses dégâts sur l’humain et surtout l’environnement. Paru en octobre 2021, celui-ci est d’une actualité brûlante et les nouvelles conclusions du GIEC nous poussent à remettre aussi ce domaine en question. Un domaine d’activité qui, de plus, promeut un rapprochement avec la nature, alors qu’il semble aujourd’hui participer à son appauvrissement…

Ce livre a été une belle claque pour moi. J’ai pourtant étudié les plantes médicinales dans une approche traditionnelle, avec une attention accrue à l’utilisation des plantes locales, issues d’une culture artisanale, mais ce livre met bien en évidence que si le domaine alimentaire propose déjà une réflexion et des solutions pour une consommation locale et durable, le domaine de la phytothérapie est bien à la traîne. Maintenant, arpenter les rayons « phytothérapie » des magasins bio donne le tournis…

J’y ai lu notamment des confirmations de l’aperçu de certaines dérives que je constatais durant mon stage, un néant quant à la certification autre que bio en Belgique concernant les plantes, et l’urgence de créer un réseau de producteurs solidaires et des partenariats avec les vendeurs et pharmaciens.

En un coup d’oeil 🧐 👁

👥 L’auteur

Même constat en Mongolie, elle comprit alors que ce marché souffrait de divers maux qui s’articulaient les uns aux autres pour aboutir à des produits souvent décevants au prix d’une destruction de l’écosystème, le tout dans l’irrespect du travailleur. C’est ainsi qu’elle a entrepris d’étudier ces questions pour assurer une qualité correcte de produit puis par soucis de la ressource, et cela a notamment fait naître ce livre ainsi qu’un réseau transdisciplinaire avec botanistes, ethnoécologues, ethnobotaniste, pharmacologues, juristes et thérapeutes, mieux à même de décrire et d’analyser la phytothérapie.

🤷‍♀️ Pour qui?

Ce livre est principalement destiné aux amateurs et professionnels du secteur de l’herboristerie, ainsi qu’aux pharmaciens et toute personne travaillant avec les plantes médicinales.

Les novices n’y trouveront pas leur compte car même s’il y a un guide d’utilisation, elle ne revient pas sur les bases ou des posologies à appliquer.

Ses qualités :

 👍 Les sources

Elle relate directement des témoignages, des chiffres sourcés et sa propre expérience de terrain.

👍 Son code couleur

Elle ne nous laisse pas avec un constat glaçant, et propose de faire état des plantes à utiliser avec un code couleur, suivi d’une justification.

👍 Son accessibilité

Son prix, son ton vulgarisateur, les illustrations, tout participe à rendre son livre attractif et assimilable facilement.

Ses défauts :

👎 Pas de fiche de plantes

C’est très personnel, je regrette un peu qu’il n’y ait pas des fiches de plantes spécifiques décrivant les plantes à bannir de sa pharmacopée ; les informations sont disséminées dans l’ouvrage.

👎 Son ancrage temporel et géographique

Très actuel, il le deviendra moins dans quelques années donc il mérite d’être actualisé au fil du temps, en espérant que ce soit vers des nouvelles positives ! Et il se centre sur nos voisins français… A quand un état des lieux en Belgique ?

Sa structure 🛠 📖

Le livre est divisé en 4 parties :

Chapitre 1 – le constat : elle y fait l’étalage des connaissances actuelles sur le marché mondial des plantes médicinal et ses spécificités, et y décrit notamment notre comportement face aux plantes médicinales et la nature.

Chapitre 2 – retrouver les bases : elle y aborde une partie de la solution, à savoir le concept d’autoguérison, l’importance de l’alimentation, d’une hygiène de vie globale.

Chapitre 3 – La phytothérapie écoresponsable en pratique : elle y décrit les filières, les labels valorisant les plantes médicinales sans risque, mais aussi l’aromathérapie et ses options « responsables », de même que la gemmothérapie.

Chapitre 4  – Guide de soin par système : comme son nom l’indique, elle y décrit brièvement les maux propres à chaque système et leurs solutions végétales, avec un code couleur guidant nos choix dans la sélection de plantes pour les soin.

Pour conclure…

Ce livre devrait être lu par tout les professionnels du secteur, particulièrement les enseignants en phytothérapie et herboristerie.

Nous, amateurs et professionnels en herboristerie, cherchons je pense de près où de loin à nous rapprocher d’un plus grand respect, d’une plus grande authenticité dans le soin par les plantes, par ce que nous offre la Nature.

Il nous remet les pendules à l’heure, et met en évidence que tout le sel du métier tient non pas à l’application de recettes, mais à la flexibilité qu’amène la connaissance des plantes.

Une consommation de produit locaux, artisanaux et respectueux de l’humain et de l’environnement fait partie de la solution ! Peut-être participera-t-il à l’émergence de certifications et labels – c’est ce que j’espère !