Ce jeudi 29 mai dédié à la Fête des Simples & Cie de Jandrain, nous accueillions le Dr. Aline Mercan pour aborder la question des clés d’une herboristerie éthique et durable.

Une image que je retiens de la conférence, c’est celle-ci : un diagramme représentant la qualité d’un large échantillons de compléments alimentaires. Voici le diagramme tel que dans l’article original :

Figure 3. Review of Test Results on Botanical Extracts and Crude Botanicals by BotaniCERT*

Légende en français (traduction deepl) :
  • Good – Bonne : Conforme aux attentes du label/à la qualité attendue.
  • Acceptable : Un peu dilué (deux fois ou plus), mais la concentration des marqueurs chimiques est acceptable.
  • Poor – Médiocre : échantillons très dilués (de 5 à 100 fois ou plus), mais les marqueurs chimiques typiques sont détectables. La concentration de l’ingrédient botanique est faible mais suffisamment élevée pour confirmer qu’il s’agit de la bonne espèce.
  • Empty – Vide : Impossible de voir des composés, ou seuls quelques marqueurs chimiques à l’état de traces (proches de quelques μg/g pour chaque composé) peuvent être détectables
  • mais pas à des concentrations suffisamment élevées pour confirmer l’identité de la plante.
  • Spiked – dopé : dopé par des composés purs ne provenant pas des sources revendiquées, tels que la caféine dans le guarana (Paullinia cupana, Sapindaceae) ou la vitamine
  • C dans l’acérola (Malpighia emarginata, Malpighiaceae).
  • Mauvaise plante : L’ingrédient étiqueté a été remplacé dans une large mesure par une autre plante (il ne s’agit pas d’une simple contamination).
  • Risque de toxicité : Présence de composés exogènes non déclarés (tels que le sildénafil, la psilocine, etc.) ou d’une plante toxique.

Jusqu’à présent, je vous avoue que dans mon discours de sensibilisation, en bonne écolo que je suis, je ne m’étais focalisée que sur l’impact environnemental et humain du commerce grandissant des compléments alimentaires, très adapté à notre économie moderne, à l’injonction à la productivité et la bonne santé à tout prix, en oubliant un point majeur : la quantité de fraude du secteur.

L’esclavage moderne de populations pauvres, de cette main d’œuvre peu chère, le nombre d’intermédiaires affolant, le manque de traçabilité (on parle de fraude aux certificats bio, ainsi qu’aux certificats agricoles), le « confort » du statut de complément alimentaire pour les laboratoires (moins exigent que celui de « médicament »), ont pour résultat une quantité invraisemblable d’adultérations (désirées ou non), allant jusqu’à 80% dans le secteur de l’aromathérapie ! De la falsification anodine qui n’amène juste aucun effet, à celles plus dangereuses qui amènent à des intoxications (médicamenteuses dans de rares cas).

Peut-on tirer la conclusion que cela jette du discrédit
aux médecines par les plantes ?
Je pense que oui.

Rappelons que le statut de “complément alimentaire” concerne, sur le territoire belge, la vente de pas mal de galéniques en phytothérapie, notamment les huiles essentielles non-cosmétiques, extraits standardisés et certaines teintures-mères.

La forme souveraine étant la gélule.

Or, il est plus difficile de tromper le consommateur avec une plante brute, ce que les chiffres de la même étude semblent démontrer (c’est le jour et la nuit) :

L’esclavage moderne d’une main d’oeuvre à bas pris qui ne se soucie pas d’une cueillette de qualité (et on les comprend), le nombre d’intermédiaires affolant, le manque de traçabilité (on parle de fraude aux certificats bio, ainsi qu’aux certificats agricoles), le « confort » du statut de complément alimentaire pour les laboratoires (moins exigent que celui de « médicament »), ont pour résultat une quantité invraisemblable d’adultérations (désirées ou non), allant jusqu’à 80% dans le secteur de l’aromathérapie ! De la falsification anodine qui n’amène juste aucun effet, à celles plus dangereuses qui amènent à des intoxications (médicamenteuses dans de rares cas).

Peut-on tirer la conclusion que cela jette du discrédit aux médecines par les plantes ? Je pense que oui.

Certes, le coût est plus élevé : mais notre santé et l’efficacité des traitements que l’on conseille en valent la peine.

Voyons, dans ce constat, un appel à nous responsabiliser tous et toutes sur nos choix de consommation, et un appel à revenir à une échelle locale de la production de plantes – soit domestique si vous avez le temps ou l’énergie, soit professionnelle. Le nombre de cultivateur·ices qui réalisent une récolte de qualité ne manque pas !

Il reste du lien à créer :

  • pharmacien·nes
  • herboristes
  • laboratoires
  • paysan·nes
  • consommateur·ices
  • conseiller·es
  • formateur·ices

La solution ne sera pas unique, mais bien multiple, peut-être avez-vous quelques idées…

Mais pour cela, il faut d’abord tous et toutes nous rencontrer !

Pour cela, un immense merci au comité organisateur de la Fête des Simples de Jandrain 🙂

Source :

Gaffner S. et al., The undisclosed Presence of Excipients and Diluents in Botanical Extracts, Herbalgram, Issue 140, pp.44-51, 2024